Metaverse par-ci, Métavers par-là… Difficile d’échapper à la déferlante de ce nouveau Buzzword depuis le 28 octobre dernier. Ce jour-là, Mark Zuckerberg a présenté au monde sa vision à court et moyen termes de la réalité virtuelle. A l’appui, changement de nom de son entreprise Facebook, rebaptisée Meta pour mieux souligner le virage qu’il entend opérer ! Gros plan sur les enjeux et les perspectives entourant cette authentique révolution numérique, qui promet de propulser les Internet dans une nouvelle dimension…
Le terme Metaverse désigne un monde virtuel 3D accessible en permanence. Des avatars y interagissent en temps réel. Ces jumeaux numériques d’utilisateurs faits de chairs et d’os proviennent de n’importe quel endroit sur la planète. Contraction de « meta-universe » (un univers englobant tous les autres univers), ce terme a été imaginé dans les années 90 par le romancier Neal Stephenson. Il a été réactivé en 2011 par un autre auteur de science-fiction américain, Ernest Cline dans son livre « Ready Player One », lui-même adapté et popularisé à l’écran en 2018 par le maître Steven Spielberg.
Le Metaverse représente tout à la fois un fantasme de divertissement ultime, un enjeu économique et industriel et (déjà) une réalité technologique.
Divertissement ultime.
La vision de Mark Zuckerberg sur l’avenir de son entreprise semble calquée sur l’architecture du Metaverse décrit dans le livre/film « Ready player One ». Un monde fait d’espaces virtuels partagés, capables d’interagir avec le réel (illustrations dans le teaser de Meta, ci-dessous). Ces espaces virtuels pourront être calqués sur le monde physique (reproduction à l’identique du Taj Mahal) ou créés de toutes pièces. Vous embarquerez alors à bord d’un bateau voguant au milieu des nuages, sur une planète paradisiaque à l’autre bout de la Voie lactée. Une seule limite, l’imagination !
Ces espaces partagés seront conçus pour se retrouver entre amis, chatter, jouer, s’informer, consommer… et même travailler ! Ils seront accessibles via un casque de réalité virtuelle ou des lunettes de réalité augmentée. Des versions Bêta de ces univers virtuels existent déjà dans la galaxie Meta de Zuckerberg. À l’heure actuelle, ils sont disponibles uniquement sur les Quest2, les casques VR de la marque :
- Horizon Home pour concevoir un chez-soi et y recevoir ses amis,
- Horizon Worlds (bande-annonce ci-dessous) pour jouer et s’évader,
- ou bien Horizon Workrooms pour (télé)travailler, participer à des réunions ou des ateliers collaboratifs avec des collègues situés à l’autre bout de la ville ou sur un autre continent.
Ce n’est que le début. Zuckerberg dispose d’une armée d’ingénieurs qui ne cesse de s’étoffer (10.000 ingénieurs spécialisés seront recrutés en Europe dans les 5 prochaines années), pour faire grandir et prospérer ce Metaverse qu’il envisage comme le successeur d’Internet.
Enjeux économiques et industriels.
Mark n’est pas le seul à imaginer l’avenir en 3D. Partout dans le monde, les initiatives se multiplient sous l’égide de gouvernements, comme en Corée du Sud, où a été lancée la « Metaverse Alliance », ou sous l’impulsion de géants de la tech, comme Baidu. Le premier, regroupant 17 conglomérats locaux, accueillera notamment différents services publics. Le second vient effectivement d’annoncer le lancement du Metaverse Xi Rang (« Terre d’espoir », présentation ci-dessous du South China Morning Post). On peut le parcourir via un casque VR, ou plus simplement un smartphone ou un PC.
Ces nouveaux venus devront composer avec différents pure players du virtual game ayant déjà largement démontré leur savoir-faire. Au premier rang desquels figure Epic Games, détenteur du moteur 3D temps réel « Unreal Engine » et éditeur du jeu en ligne Fortnite. Mega-blockbuster totalisant 350 millions de joueurs, qui préfigure à bien des égards ce qu’est un Metaverse. Epic Games a réalisé récemment une rondelette levée de fonds de 1 milliards de dollars, afin de développer précisément ses activités dans ce domaine.
D’autres start-ups occupent les avant-postes et revendiquent notamment l’héritage de Second Life, Metaverse précurseur des années 2000, qui a disparu des radars médiatiques (même si la plateforme existe toujours). C’est le cas de The Sandbox et Decentraland, des mondes virtuels qui se construisent au fur et à mesure que leurs utilisateurs achètent et aménagent chaque parcelle. Le marché de l’immobilier commence à y être florissant. Fin novembre, un terrain virtuel de Decentraland s’est ainsi vendu 618.000 Mana (la cryptomonnaie en cours dans cet univers), l’équivalent de 2,43 millions de dollars. Record battu quelques semaines plus tard dans The Sandbox, où une parcelle numérique a été cédé pour 4,3 millions de dollars.
Facebook/Meta, Samsung, Xi Rang, Fortnite, The Sandbox, Decentraland… Ce ne sont que quelques acteurs, émergeants ou statutaires, de ce nouvel écosystème. Mais il en existe une multitude d’autres. Certains ont choisi de se développer en s’appuyant sur des standards ouverts. D’autres (plus nombreux) privilégient pour l’heure un fonctionnement en vase clos. Une question se pose d’ores-et-déjà : quid de l’interopérabilité entre toutes ces plateformes ? Un avatar créé dans Horizon World sera-t-il télétransportable sur Fortnite ? Un objet 3D acheté dans Decentraland pourra-t-il être échangé sur The Sandbox ? Pourra-t-on passer d’un Metaverse à un autre aussi facilement que l’on navigue aujourd’hui sur le web ? Ces questions restent posées…
Momentum technologique.
La popularité des Metaverses a certes connu un (sérieux) coup d’accélérateur grâce aux prophéties annonces de Mark Zuckerberg. Pour autant, c’est davantage un alignement des planètes en matière de maturités technologiques qui en assure un avenir prometteur. La puissance de calcul des micro-processeurs associée à l’agilité algorithmique des moteurs de 3D temps réel, les avancées de l’intelligence artificielle, le développement des infrastructures de Cloud computing, l’avènement de la 5G ou bien le bond technologique des nouvelles générations de casques VR… tout semble réuni pour favoriser une rapide expansion des plateformes de Metaverse. Mais aussi une réelle démocratisation des usages et un décollage significatif du business des mondes virtuels.
Alors, quelle place pour les marques dans les Metaverses ?
Comme à l’accoutumée, une prime reviendra aux early adopters. Ceux-ci auront compris avant les autres les mécaniques de vente et les déclencheurs d’achat dans ces nouveaux environnements.
Samsung vient notamment d’annoncer l’ouverture d’une version virtuelle de son magasin new-yorkais « 837 » sur Decentraland. The Sandbox revendique 165 marques parmi ses 12.000 propriétaires fonciers virtuels, dont Atari et Adidas. Cette dernière s’est quant à elle offert récemment 144 parcelles au prix de 400 Ethereum (environ 1,7 millions d’euros). Nike, pour sa part, vient de racheter une start-up spécialisée dans la création de baskets virtuelles.
Que faire sur les Metaverses, à l’échelle de votre marque ? D’autant plus si votre budget en marketing digital n’est pas celui d’un équipementier sportif