« Comment le Web change le monde » : note de lecture
Peu d’articles ont été publiés ces derniers temps en raison du lancement de la Fondation Chirac auquel Kinoa a pris doublement part en réalisant le site Internet (ici) et en participant à l’organisation de l’événement le 9 juin au musée du quai Branly.
Ce n’était pas de tout repos, mais nous avons eu le plaisir de rencontrer des personnes aussi éminentes que Kofi Annan, Pachauri, Youssou N’Dour… et bien d’autres.
Sans aucune transition, je vous propose une note de lecture d’un très bon livre co-écrit par Francis Pisani et Dominique Piotet : « Comment le web change le monde – L’alchimie des multitudes« .
Cet ouvrage m’a été offert gracieusement par Pearson et l’Atelier BNP Paribas dans le cadre de l’opération « Blogueurs – Note de lecture ». J’acquitte donc mon devoir, et je dois l’avouer avec beaucoup de plaisir car la lecture de ce livre m’a été agréable.
Flux RSS, AJax, Twitter, folkxonomie, mashup, API, Digg… on retrouve dans cet ouvrage tous les ingrédients qui composent le web d’aujourd’hui, ce fameux « web 2.0 », ce qui peut être utile pour réviser ou comprendre certaines notions.
Mais l’intérêt du bouquin réside surtout dans l’analyse des changements « sociaux » induits par l’utilisation de ces nouveaux ingrédients.
L’internaute passif durant l’ère du Web 1.0 (avant l’explosion de la bulle Internet) est devenu progressivement un internaute actif qui ne se contente plus de consommer sans réagir à l’information qui lui est proposée sur des sites réalisés par des spécialistes. Désormais, il participe activement en contribuant via blog, commentaires, suggestions, critiques, vidéos, réseaux sociaux… C’est lui qui produit l’essentiel du contenu du web, il est devenu un acteur essentiel incontournable. Francis Pisani et Dominique Piotet parlent de « webacteur » : « Les internautes utilisaient l’Internet. Les « webacteurs » le façonnent avec le contenu qu’ils génèrent et leur capacité de l’organiser« .
La participation de million de « webacteurs » donne (enfin ?) une réalité à la notion « d’intelligence collective ». Le question est ici ouverte entre l’émergence d’une certaine forme de sagesse ou tout au moins de richesses induites par les savoirs de milliers de « webacteurs » et la bêtises des foules comme certains le pensent.
Nos auteurs semblent convaincus de la première option, mais préfèrent parler « d’alchimie des multiples » plutôt que de que de sagesse ou d’intelligence collective :
« Choisir « alchimie », à la dimension inéluctablement ambiguë, au lieu de « sagesse » ou « d’intelligence », permet de prendre acte du fait que rassembler un grand nombre de personnes et les consulter permet éventuellement de créer de l’or, mais pas toujours. Les foules ne produisent pas que de la sagesse, les collectifs pas seulement de l’intelligence. Mais cela peut arriver et c’est le grand mérite de James Surowiecki et de Pierre Lévy que de l’avoir mis en valeur. Quant au terme « multiples », dont le Robert précise qu’il indique une « grande quantité (d’être, d’objets) considérée ou non comme constituant un ensemble », il a le mérite d’attirer notre attention sur le nombre, sans lui accorder de connotation positive ou négative.
Le pluriel rend mieux compte des multiplicités à l’oeuvre. Il permet de suggérer une plus grande hétérogénéité et une plus grande diversité. Les webacteurs d’aujourd’hui ne forment ni une foule consciente, ni un collectif aux contours bien déterminés. Eux-mêmes multiples, divers, ils se regroupent avec des degrés lâches de participation et d’implication au gré de leurs activités : membres d’un réseau social, encyclopédistes sur Wikipedia, blogueurs, commentateurs, et parfois simples spectateurs engagés. La référence à l’utilisation deleuzienne qu’en font Michael Hardt et Antonio Negri est volontaire.
Rimbaud parlait bien de « l’alchimie du verbe ». Pourquoi ne pas laisser libre cours à celle de la diversité et de la participation qui caractérisent le web ?
Reste à définir cette « alchimie des multiples ».
Elle repose sur cinq éléments que l’on trouve rarement tous ensemble, mais dont le kaléidoscope des associations possibles est incroyablement riche. […] Accumuler des données […] Miser sur la diversité […] Compiler/synthétiser […] Mettre en relation […] Délibérer. »
Dans tous les cas la participation des internautes bouscule les mécaniques institutionnelles. Et c’est bien là, à mon avis l’essentiel.
« La raison pour laquelle les institutions considèrent la dynamique relationnelle avec méfiance est presque toujours la peur de perde le contrôle. On le voit sur les sites de médias traditionnels qui se refusent encore à accepter des commentaires qui pourraient être apposés à côté de leurs articles ou qui s’attachent à les vérifier tous avant de les mettre en ligne. […] La tension qui en résulte avec la poussée relationnelle est manifeste, comme l’illustre de manière particulièrement claire l’adaptation des entreprises et notamment des entreprises de services.
Dans ce contexte, l’époque semble marquée par la tension entre la poussée relationnelle impulsée par un grand nombre de webacteurs et de start-ups d’un côté, et les lenteurs de la mécanique institutionnelle de l’autre.
La recherche spontanée et désordonnée de nouvelles formes de relations et d’organisation se heurte à la résistance (parfois), à la lenteur (toujours) des institutions et de leur mécanique prudente« .
Cette participation nouvelle et cette recherche d’efficacité relationnelle donne naissance à des notions telles que « l’entreprise liquide », « l’entreprise dans les nuages » ou encore l’économie relationnelle que je vous laisse découvrir en lisant le livre. Ce que je vous recommande d’ailleurs si vous souhaitez mieux appréhender les bouleversements actuels induits par le Web.
La lecture est agréable, émaillée d’interviews et d’extraits très intéressants.
« Comment le Web change le monde » : note de lecture
Peu d’articles ont été publiés ces derniers temps en raison du lancement de la Fondation Chirac auquel Kinoa a pris doublement part en réalisant le site Internet (ici) et en participant à l’organisation de l’événement le 9 juin au musée du quai Branly.
Ce n’était pas de tout repos, mais nous avons eu le plaisir de rencontrer des personnes aussi éminentes que Kofi Annan, Pachauri, Youssou N’Dour… et bien d’autres.
Sans aucune transition, je vous propose une note de lecture d’un très bon livre co-écrit par Francis Pisani et Dominique Piotet : « Comment le web change le monde – L’alchimie des multitudes« .
Cet ouvrage m’a été offert gracieusement par Pearson et l’Atelier BNP Paribas dans le cadre de l’opération « Blogueurs – Note de lecture ». J’acquitte donc mon devoir, et je dois l’avouer avec beaucoup de plaisir car la lecture de ce livre m’a été agréable.
Flux RSS, AJax, Twitter, folkxonomie, mashup, API, Digg… on retrouve dans cet ouvrage tous les ingrédients qui composent le web d’aujourd’hui, ce fameux « web 2.0 », ce qui peut être utile pour réviser ou comprendre certaines notions.
Mais l’intérêt du bouquin réside surtout dans l’analyse des changements « sociaux » induits par l’utilisation de ces nouveaux ingrédients.
L’internaute passif durant l’ère du Web 1.0 (avant l’explosion de la bulle Internet) est devenu progressivement un internaute actif qui ne se contente plus de consommer sans réagir à l’information qui lui est proposée sur des sites réalisés par des spécialistes. Désormais, il participe activement en contribuant via blog, commentaires, suggestions, critiques, vidéos, réseaux sociaux… C’est lui qui produit l’essentiel du contenu du web, il est devenu un acteur essentiel incontournable. Francis Pisani et Dominique Piotet parlent de « webacteur » : « Les internautes utilisaient l’Internet. Les « webacteurs » le façonnent avec le contenu qu’ils génèrent et leur capacité de l’organiser« .
La participation de million de « webacteurs » donne (enfin ?) une réalité à la notion « d’intelligence collective ». Le question est ici ouverte entre l’émergence d’une certaine forme de sagesse ou tout au moins de richesses induites par les savoirs de milliers de « webacteurs » et la bêtises des foules comme certains le pensent.
Nos auteurs semblent convaincus de la première option, mais préfèrent parler « d’alchimie des multiples » plutôt que de que de sagesse ou d’intelligence collective :
« Choisir « alchimie », à la dimension inéluctablement ambiguë, au lieu de « sagesse » ou « d’intelligence », permet de prendre acte du fait que rassembler un grand nombre de personnes et les consulter permet éventuellement de créer de l’or, mais pas toujours. Les foules ne produisent pas que de la sagesse, les collectifs pas seulement de l’intelligence. Mais cela peut arriver et c’est le grand mérite de James Surowiecki et de Pierre Lévy que de l’avoir mis en valeur. Quant au terme « multiples », dont le Robert précise qu’il indique une « grande quantité (d’être, d’objets) considérée ou non comme constituant un ensemble », il a le mérite d’attirer notre attention sur le nombre, sans lui accorder de connotation positive ou négative.
Le pluriel rend mieux compte des multiplicités à l’oeuvre. Il permet de suggérer une plus grande hétérogénéité et une plus grande diversité. Les webacteurs d’aujourd’hui ne forment ni une foule consciente, ni un collectif aux contours bien déterminés. Eux-mêmes multiples, divers, ils se regroupent avec des degrés lâches de participation et d’implication au gré de leurs activités : membres d’un réseau social, encyclopédistes sur Wikipedia, blogueurs, commentateurs, et parfois simples spectateurs engagés. La référence à l’utilisation deleuzienne qu’en font Michael Hardt et Antonio Negri est volontaire.
Rimbaud parlait bien de « l’alchimie du verbe ». Pourquoi ne pas laisser libre cours à celle de la diversité et de la participation qui caractérisent le web ?
Reste à définir cette « alchimie des multiples ».
Elle repose sur cinq éléments que l’on trouve rarement tous ensemble, mais dont le kaléidoscope des associations possibles est incroyablement riche. […] Accumuler des données […] Miser sur la diversité […] Compiler/synthétiser […] Mettre en relation […] Délibérer. »
Dans tous les cas la participation des internautes bouscule les mécaniques institutionnelles. Et c’est bien là, à mon avis l’essentiel.
« La raison pour laquelle les institutions considèrent la dynamique relationnelle avec méfiance est presque toujours la peur de perde le contrôle. On le voit sur les sites de médias traditionnels qui se refusent encore à accepter des commentaires qui pourraient être apposés à côté de leurs articles ou qui s’attachent à les vérifier tous avant de les mettre en ligne. […] La tension qui en résulte avec la poussée relationnelle est manifeste, comme l’illustre de manière particulièrement claire l’adaptation des entreprises et notamment des entreprises de services.
Dans ce contexte, l’époque semble marquée par la tension entre la poussée relationnelle impulsée par un grand nombre de webacteurs et de start-ups d’un côté, et les lenteurs de la mécanique institutionnelle de l’autre.
La recherche spontanée et désordonnée de nouvelles formes de relations et d’organisation se heurte à la résistance (parfois), à la lenteur (toujours) des institutions et de leur mécanique prudente« .
Cette participation nouvelle et cette recherche d’efficacité relationnelle donne naissance à des notions telles que « l’entreprise liquide », « l’entreprise dans les nuages » ou encore l’économie relationnelle que je vous laisse découvrir en lisant le livre. Ce que je vous recommande d’ailleurs si vous souhaitez mieux appréhender les bouleversements actuels induits par le Web.
La lecture est agréable, émaillée d’interviews et d’extraits très intéressants.
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